Dernier Lyrisme

Voici un petit one-shot basé sur le manga Le Chevalier d'Eon. C'est la première fois que j'écris un poème en prose (je ne savais même pas que ça existait, honte à moi...).

Bref, une connaissance du manga est la bienvenue pour comprendre le poème, mais pour ceux qui ne l'ont jamais lu...

Spoiler:

J'espère que vous apprécierez, malgré qu'il soit bien court à mon goût...

Dernier Lyrisme

Un voile de tristesse tombe sur la Ville Lumière. Les flots de la Seine s'écoulent paisiblement, ignorant la flamme de vie qui vient de s'éteindre sur ses berges. Le linceul blanc est tirée sur le visage impassible d'une blonde victime. Ses joues poudrées ont perdues de leurs couleurs, l'éclat de ses lèvres pourpres s'est dissipé en quelques secondes, se mêlant au nacre de sa peau. Et la Vierge poétesse, de sa robe de lapis-lazuli, enserre de tristesse le coeur fébrile de son jeune frère.

D'Eon rentra tard de l'enterrement de sa soeur, Lia de Beaumont. A peine fut-il entré dans sa chambre qu'il poussa un profond soupir et, adossé contre la porte, se laissa doucement glisser sur le sol. Ses yeux, rougies par les larmes, avaient du mal à tenir ouverts. Exaspéré, il passa un main dans ses cheveux blonds avant de prendre appui sur le parquet pour se relever. Le candide retira ses gants et les jeta sur son bureau. Il déboutonna sa veste et croisa son reflet dans le miroir à pied.

"Lia, pourquoi toi..."

A bout de force, il n'arrivait plus à pleurer le destin funeste de son aînée. Une multitude de questions se bousculaient dans son esprit torturé entre la colère, la haine et le désespoir. Et alors qu'il allait laisser exploser sa rage, une enveloppe blanche attira son attention. Elle était posée là, en plein milieu du bureau, adressée à son nom. Et cette écriture, il la reconnaitrait entre toute...

"Lia..."

D'Eon tendit la main vers le seul vestige de la présence de sa soeur... Et hésita. C'était tout ce qui lui restait d'elle. Sa seule famille, son monde. Elle prenait une place bien plus grande dans son coeur qu'il ne le laissait paraître.
Le jeune homme se résigna enfin à déchirer l'ouverture, et en extirpa son contenu. Une lettre, affublée de la délicieuse écriture cusive de sa défunte soeur...





Dernier Lyrisme



Dis-moi, ma petite brebis égarée, pourquoi l'Adam de mon coeur a-t-il croqué dans la pomme de la Poésie ? Comment a-t-il bien pu tourner en une Salamandre emplie d'expédients ?
La Poésie est Lyrisme, et le Lyrisme est Impie ; Que le poète qui s'engage sur cette voie ne s'attende qu'au Châtiment. Car seules subsistent la mort du poète, ou celle des mots...

Dis-moi, ma douce brebis égarée, voudrais-tu connaître le Secret du cheval immaculé ? Si tel est ton souhait, arpente l'Eternel Eden et cherche l'Etalon. Jure-lui d'obéir aux Lois Divines et prête allégence à sa longévité ; jure de mettre ton noble Lyrisme à son service contre l'imminente Révolution. Combats les vers anarchiques de poètes infâmes, et prie pour le Salut de mon âme, car je sens que chaque pas vers la délicieuse Salamandre me rapproche de l'Echaffaud...

Dis-moi, ma chère brebis égarée, s'il devait m'arriver malheur, traquerais-tu mon bourreau ? Je pressens que mon âme, telle l'impitoyable Erynis, ignorera toute peur, cédant à la colère et réclamant Justice.
Le Lyrisme perfide des poètes orgueilleux en est à l'origine, et par l'Epée qui honore les Dieux, que la lame impassible tienne lieu de Guillotine.


Mais, tu le sais, il n'y a point de point en Poésie...



Lia de Beaumont

J'adore Le Chevalier d'Eon!